lundi 13 novembre 2017

Chapitre 1 - De la chute à l'arrivée à Lima

La chute d'Huguette au retour de la visite du site de Sillustani met fin plus tôt que prévu à notre voyage. Un séjour de presque 24 H aux urgences de l'hôpital de Puno nous a permis de constater le manque de moyens et la vétusté de celui-ci. Huguette est conduite en fauteuil roulant jusqu'à la salle de radiographie. Elle doit monter quelques marches jusqu'à la table d'examen. La radiographie met en évidence une fracture de la hanche. De là, elle est conduite dans la salle des urgences où l'on se croirait revenus au moins 50 ans en arrière! Il y a 8 lits tout près les uns des autres, quelques-uns séparés par des paravents crasseux. Les draps ne sont pas changés après le départ des malades, les couvertures sont poussiéreuses et tachées. Huguette et sa fracture sont installées sur un lit. Pas de sonnette pour aller aux toilettes, il faut appeler "señorita" ( je suis encore à l´hôtel à décharger les bagages). A mon retour, je l'aide à se rendre aux toilettes en allant chercher un fauteuil roulant dans le couloir. Contre le lit voisin, un plateau roulant échoué, une roue en moins. Sur ce lit, une jeune femme ne cesse de vomir sa bile dans un bidon plastique découpé. Plus loin, des membres d'une famille viennent changer la couche de la grand-mère. On ne voit ici que des gens de condition modeste. A l'hôpital public, le paiement est immédiat à la caisse pour chaque acte médical, paiement et passage à la pharmacie pour récupérer de quoi faire une piqûre.
Néanmoins, le personnel fait vraiment ce qu'il peut : il pose les perfusions avec les calmants et surveille dans des conditions difficiles avec du matériel vétuste et insuffisant. Comme il n'y a pas de chauffage( nous sommes à 3800 m d'altitude), médecins et infirmiers font parfois les visites avec leur anorak ou leur pull.
Après les appels passés à notre assurance, les choses se mettent peu à peu en place et Huguette demande à être transférée dans une petite clinique privée de la ville, surtout dédiée à soulager les problèmes liés à l'altitude  et aux perturbations intestinales des touristes. La meilleure chambre est située à l'étage et Huguette y sera hissée sur le dos d'un aide-soignant.
Le lendemain, les choses s'accélèrent. J'ai juste le temps de finir le bouclage des sacoches et l'emballage des vélos avant que nous soyons convoyés en ambulance vers l'aéroport de Juliaca. Voyage un peu secoué, entre le bitume craquelé de la route et les nombreux ralentisseurs. Et puis 2 H de vol sans histoire en avion sanitaire de Juliaca à Lima, Huguette étant cette fois-ci bien sanglée dans une coque. Transfert à nouveau en ambulance de l'aéroport à la clinique SANNA El Golf.  Les bicyclettes emballées dans du film étirable restent chez le coordinateur du vol sanitaire car elles ne peuvent être amenées à la clinique. Nos deux gros paquets mal ficelés contenant nos sacoches nous suivent.

Surveillance médicale dans l'avion sanitaire





Départ de Juliaca





Cabine de pilotage





Chapitre 2- L'entrée à la clinique et l'opération

On hésite d'abord à signer les formulaires d'admission, Huguette tenant à être opérée dans la Sarthe. Un coup de fil à IMA ( Inter Mutuelles Assistance) va la convaincre de faire l'opération ici, la clinique étant -selon IMA- une des meilleures de Lima. Si l'assurance est d'accord, alors c'est bon. On suit donc le "protocole" et la machine est en marche. Rentrée le lundi après-midi, elle ne sera opérée néanmoins que le jeudi matin. Entre temps, nous aurons vu défiler un nombre impressionnant  d'intervenants ainsi qu'un personnel aux petits soins avec l'accidentée. Côté repas, c'est le top et une diététicienne vient même s'enquérir de nos besoins.
Moi, j'ai le grade de "familiar responsable" et le droit de dormir sur une banquette dans la chambre. L'assurance ne prendra pas en charge mes repas mais comme les restos sont inexistants dans le quartier, je me satisferai de cette situation.
J'ai cependant un moment de panique le jour où Huguette est opérée : elle est placée en soins intensifs au moment de son réveil. On vient me signifier  sans avertissement préalable  et sans ménagement que je dois quitter la chambre que nous occupions car Huguette va être placée dans une autre chambre au rez-de-chaussée, chambre dans laquelle je ne peux séjourner. Et si je reste dans l'autre chambre, je devrai m'acquiter de 800 soles par nuit (environ  200 euros)!!! Ainsi est le "protocole", me dit au guichet une jeune employée inflexible. Du statut de "familiar responsable", me voilà devenu "familiar" "indésirable"puisque je ne peux payer. La solution de repli reste nos amis de Lima. Je me prépare à débarrasser le plancher, la tête basse quand le miracle arrive :  on frappe à la porte, on me dit que tout est arrangé, que le médecin a déclaré Huguette apte à quitter les soins intensifs, qu'elle va reprendre la même chambre et que je peux rester. Naviguer dans ces milieux inhabituels pour nous,  nous expose parfois à des situations difficiles. J'ai repris depuis mon rythme de croisière : présence aux heures des repas, exploration du quartier le matin ou l'après-midi, achat de journaux ou de livres pour Huguette...qui attend le moment de pouvoir enfin passer à la position verticale.




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